Lettre ouverte à Macron

Lettre ouverte à Emmanuel Macron

Monsieur le Président,

J'ai lu vos propos :

> « J'attends de toutes les forces politiques qu'elles proposent d'autres idées… Si d'autres ont des idées plus intelligentes pour accroître l'activité et pour baisser les économies, le Premier ministre les recevra. »

Il est heureux que vous attendiez des idées, mais permettez-moi de vous dire que la France n'a pas attendu votre validation pour réfléchir, pour débattre, pour proposer.

Vous appelez à « accroître l'activité » : mais laquelle ? Celle qui précarise les plus jeunes ? Celle qui épuise les services publics ? Celle qui détériore les conditions de travail au nom d'une compétitivité sans âme ? Celle qui broie le climat et laisse les agriculteurs dans l'angoisse ?

Vous appelez à « baisser les économies » (supposons que vous vouliez dire « baisser les dépenses ») : mais lesquelles ? L'hôpital ? L'école ? Les collectivités qui maintiennent à flot la vie quotidienne des Français ?

Monsieur le Président, ce que les Français attendent, ce n’est pas de pouvoir venir vous présenter des « idées plus intelligentes » comme on vend un produit en start-up. Ce qu'ils attendent, c'est un gouvernement qui écoute, qui corrige ses erreurs, qui n'abandonne pas les territoires, qui ne prend pas pour arrogance la critique et le désaccord.

Des idées ? Nous en avons :

Investir dans la rénovation thermique de masse pour relancer l'activité locale tout en allégeant les factures des Français.

Réorienter les aides publiques vers les TPE-PME, l'agriculture durable et l'économie sociale, pas vers les multinationales qui délocalisent.

Lutter contre la fraude fiscale qui coûte bien plus que le « coût du travail » que vous dénoncez.

Renforcer les services publics pour soutenir l'activité réelle : santé, transports, éducation.

Planifier une transition écologique créatrice d'emplois, au lieu de subir les crises climatiques qui coûteront bien plus cher.

Vous demandez des idées ? Elles sont là, elles existent, elles s'expriment dans nos territoires, dans nos mairies, dans nos collectifs citoyens, chez les associations, chez les élus de terrain. Il faudrait peut-être, simplement, accepter de les écouter, sans condescendance.

Le rôle d'un Président n'est pas d'attendre passivement que d'autres viennent présenter leurs « pitchs ». Le rôle d'un Président est de rassembler, de créer la confiance, d’ouvrir le débat et de donner la capacité à ces idées de se traduire en actes.

Alors oui, nous avons des idées, mais encore faut-il avoir le courage politique de les entendre et de les appliquer. Parce que derrière vos appels à « proposer », ce que les Français attendent, c'est de l'action, pas des formules pour gagner du temps.

La France n'est pas une start-up. Elle mérite mieux.

Respectueusement mais fermement,

Sébastien Neveu

Emmanuel Macron

Élysée – Présidence de la République française

François Bayrou

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