Ce que j'aurais pu dire au magistrat...
- Sébastien Neveu
- 12 mai
- 2 min de lecture

Je vous remercie votre engagement à la justice et pour le travail exigeant, souvent silencieux mais ô combien fondamental, que vous accomplissez chaque jour pour faire vivre notre République et garantir l'État de droit.
Je suis venu aujourd’hui vous parler d’un sujet qui nous rassemble, au-delà des sensibilités politiques ou des fonctions : la protection des victimes, de toutes les victimes, face à toutes les formes de violence.
Notre société traverse une période complexe. Les violences prennent des formes multiples : conjugales, sexuelles, intrafamiliales, psychologiques, numériques, et parfois institutionnelles. Elles laissent derrière elles non seulement des blessures physiques, mais aussi des cicatrices invisibles, profondes, durables.
Notre responsabilité collective est d’agir. Et d’agir mieux. Et vite.
Agir, c’est d’abord garantir aux victimes un accueil digne, une écoute respectueuse, et une prise en charge rapide. Trop souvent encore, les victimes doivent raconter plusieurs fois leur histoire, à différents interlocuteurs, revivant ainsi le traumatisme. Cela n’est plus acceptable.
Agir, c’est aussi assurer une coordination renforcée entre la justice, les forces de l’ordre, les associations, les professionnels de santé. Le parcours des victimes ne doit pas être un parcours du combattant. Il doit être un chemin vers la reconstruction.
Je défends une ligne de progrès et d'équilibre : celle du respect de la présomption d’innocence pour les mis en cause, tout en affirmant sans ambiguïté la priorité donnée à la parole des victimes, à leur protection, à leur accompagnement.
Je crois à une justice humaine, accessible, rapide. Une justice qui ne laisse personne au bord du chemin. Cela suppose des moyens supplémentaires – humains, matériels, technologiques – pour que vous, magistrats, puissiez exercer pleinement vos missions. Cela suppose aussi un investissement massif dans l’aide juridictionnelle, dans les cellules d’écoute, dans les lieux d’accueil sécurisés.
Je propose que chaque juridiction dispose d’un guichet unique d’aide aux victimes, réunissant tous les acteurs : juristes, psychologues, référents policiers, assistants sociaux. Ce modèle existe déjà dans certaines régions : il doit devenir la norme.
Nous devons également mieux former, mieux sensibiliser. Dès l’école, mais aussi dans les services publics, dans les entreprises. La prévention des violences commence par la connaissance de ses droits et le respect de l’autre.
Je suis convaincu que nous pouvons bâtir ensemble une société plus juste, plus protectrice, plus fraternelle. Une société où les victimes ne se sentent jamais seules.
C’est dans cet esprit de dialogue et d’équilibre que je m’adresse à vous aujourd’hui. Vous êtes les gardiens d’un pilier essentiel de notre démocratie : la justice. Et je veux, si vous me faites confiance, en être l’allié loyal et déterminé.
Je vous remercie.
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